Tu t’es multipliée en un essaim d’abeilles
Rien ne te siérait mieux que ce bourdon de loin
Par les matins de givre où tes pattes sommeillent
S’est glissé un pétale à baiser avec soin

Dans le bois qui s’accorde un violon s’est éteint
La nuit qui s’éparpille a laissé son refrain

À la voix des renards allés voir les voitures
Comme on défie en vain les décrets du futur

Un faon en trois parties prie la fin de l’espèce
Rayé de troncs laissés à leur horizontale
Le parterre effeuillé est un instant sans cesse
Les champignons sont nés comme apparaît le mal

Les scarabées de faim font vibrer leur détresse
La mort est enfoncée sous les sangliers mâles


On n’a plus écouté de rock
Depuis qu’ont passé les étés
La terre est un fruit mûr que croque
Le dentier des temps arrivés


Tu relis un vieux livre où l’amour se retrouve
Il t’a abandonnée comme un autre épiderme
Ton heure est un château emprisonné de douves
Ton cœur est un soleil dont le son se referme

Sur le bleu-gris baissé
Du ciel des dix-sept heures
Un nuage a blessé
Le regard de ton cœur

Tu attends que le soir reparte
Comme un vieux rêve évanoui
Tu comprends l’air qui se rétracte
Son souffle aimé va vers la nuit

Un restant d’hier
Hésite, et part
Les renards s’affairent
Là, quelque part

Reviens manteau de mes vingt ans
Où se cachait le temps du jour
Rends-moi le rêve et le présent
Qui rêvait de Kuala Lumpur


Sans s’annoncer sort la chouette
Du paysage effacé
L’obscurité se reflète
Du ciel aux perrons cassés

Un renard remue son collier
L’autre abreuvé se désagrège
Leur rousseur pour toi s’est déliée
Tu ne reverras plus leurs pas foulant la neige

Ils se sont détournés comme un ange abandonne
Une âme à ses secrets dont le souffle affaibli
N’a plus assez de temps pour que le bien l’étonne
Et qui ne verra pas les prés du paradis


Tu t’es éparpillée en un essaim d’abeilles
Tu te dissous lointaine en entrant dans le soir
Tu retiens le moment ta main crispée essaye
Le billet à ton nom s’est troublé dans l'eau noire

Où sont les amis de tes jours
Et les amours qui sentaient bon
Ils s’en sont allés faire un tour
Dont rien ne reviendra qu’un son

Ta chanson belle
Exténuée
Songe à ses belles
Années

On garde au cœur
Un myosotis
Dont la couleur
Tes yeux se plissent

N’a plus qu’une heure
Vois son bleu glisse
Dans des couleurs
Bonbon réglisse