Jérémie Grandsenne

Je cherchais Hegel

Croquette

Les gens s’en foutent

On dit souvent, « les gens s’en foutent ». Nan c’est vrai, on le dit souvent. Et si on ne le dit pas souvent, eh bien on devrait.

Parfois j’oublie souvent que j’ai acheté des bananes

Quatorze heures six

Quatorze heures six, L’heure de la police Quatorze heures sept, L’heure des serviettes Quatorze heures quarante, L’heure où on chante Quatorze deux cent cinquante L’heure où parfois l’on déchante Pas toujours notez Variante : Quatorze heures six, L’heure de la police Quatorze heures sept, L’

Les joncs

Sha

Every shalalala Every wo-ooh wo-oh Still shines

La maison était en hideux état

La maison était en hideux état On aurait cru le champ d’une ancienne bataille Ou que des hauteurs d’Étretat On l’eût jetée haineux comme un ballot de paille C’est ainsi que finit la tragique anecdote De la vie d’Anatole Euphrate Bonne en nulle manière aux

Balena

J’espère qu’en italien baleine se dit balena

Tachetées

Sur chaque pré passent les sons D’un rosaire qui se prononce Les prés partout couvrent les monts Les monts sont recouverts de ronces Souvenirs anciens des moissons Patientent des choses absconses L’air autour porte des chansons Que chaque son porte et dénonce Consonnes des pas et des bonds

À bien y regarder

couple

Je crois que je viens de voir un petit couple de 65-70 ans se séparer. Contrairement à ce que j’avais d’abord cru pendant les quelques minutes où j’entendais depuis le banc la voix de la femme, il ne s’agissait sans doute pas d’un couple marié

Lapins

Alanguie sur le radiateur

Alanguie sur le radiateur Mon âme alanguie se repose Des journées où les radiateurs M’oubliaient nu aux portes closes Filons au temps de la chaleur Canards glissants sur l’existence Entre le ciel et la douceur Enfants du jour et de la chance

« Catastrophes naturelles »

Monkey

Je suis un hamburger Dans la bouche d’un singe Le singe a ses humeurs La viande c’est du singe

Dieu

Futur

Un jour on dira Jérémie était C’était quelqu’un de, des fois il disait Les photos sont rares C’est comme ça

Du côté de chez Swann

Rosemarie, qu’avez-vous vu Que vos yeux n’ont su expliquer Rosemarie, qu’avez-vous su Que le temps ne vous ait volé Constance et Ruth, la traîne est longue De vos seize ans désamarrés Des restes flous et des love songs Suivent vos bottines fourrées Énamourés comme on regarde Nous

Ronrons

Chanson

Cheeeez les, ptits, chats On est toujours content Ooooon faaaait rooon ron Et on fait des ptits bonds Cheeeez les, ptits, chats On fait n’importe quoi Ooooon faaaait rooon ron Et on fait des ptits bonds

Savoir

On meurt par où on a aimé Je mourrai d’amour ou de chance De fleurs aux griffes acceptées Qui m’auront griffé l’existence Ou d’une angoisse qui s’élance Qui vaincra mes muscles fanés Un tremblement que rien ne panse Qui mourra d’avoir trop tremblé Dans

Kijū Yoshida est mort

Kijū Yoshida est mort.‌‌ La semaine dernière, mon ami Takumi m’a écrit, en français pour l’occasion, « Man. Yoshida est mort. »‌‌ J’ai répondu « Ah, merde. 教えてくれてありがとう。たくみから聞いた方がよかった。»‌‌ Je l’ai remercié de me l’avoir dit, et que je préférais l’avoir entendu de lui (que par hasard)

Rire de son propre dénouement

Sillon

j'ai perdu un cil tombé sur la page la vie dessine des lendemains sages